Book Club Spécial : Lecture commune de février sur Livraddict Rdv : 10 février 2010 entre 18h et minuit.
Livre choisi:
Synopsis :
« Comment expliquer cette succession étrange de meurtres, un jour ordinaire de 2007 ? Qu’est-ce qui peut bien relier entre eux un couple d’amoureux en week-end dans le Sud de la France, un industriel de la pêche naviguant dans les eaux troubles de Guinée et un passionné parisien de reptiles, araignées et autres créatures vénéneuses ? Et surtout, pourquoi Frédéric Carloni, grand reporter au Matin de France a-t-il été abattu place Pigalle alors qu’il rentrait tranquillement chez lui en moto ? » C’est sur ces questions que s’ouvre la singulière enquête de ce polar à l’écriture cinématographique. Véritablement immergé au cœur du célèbre « 36, quai des Orfèvres », au sein de l’équipe du commissaire Delajoie, vous serez entraîné, meurtre après meurtre, dans une marche trépidante à travers les hauts plateaux de la publicité, de l’image et de la grande distribution. Une quête de vérité, semée de morts et de fantômes, où la violence des crimes se heurtera à la brutalité ordinaire du quotidien, où les évidences se transformeront rapidement en leurres. Vous voilà donc prévenu : on ne pénètre pas impunément dans la Maison de la mort.
Mon avis : Pour ceux qui ne sont pas prévenus du genre du livre pourraient être surpris en pensant lire un polar dans un genre habituel et plus encore avec le bandeau rouge qui indique qu'il s'agit d'une lecture d'été et qu'il se lit comme tout roman dit d'été avec légèreté et sans devoir faire travailler son esprit, de manière à se changer les idées.
Pourquoi les gens non prévenus pourraient être surpris? Tout simplement parce qu'en plus de l'histoire annoncée par le synopsis qui annonce le polar, il y a un petit plus qui pourrait être considéré comme lourd ou de trop. En effet, l'auteur rajoute dans son histoire des parties documentaires à l'histoire : le fonctionnement interne de la Brigade Criminelle, la manipulation marketing des magasins, des publicités, des médias et de la télé.
Cet élément non négligeable rend l'écrite de John Marcus assez dense mais elle n'en n'est pas moins riche et intéressante, bien au contraire. De mon côté, j'ai trouvé que malgré la longueur du côté documentaire qu'il pouvait y avoir, ça s'imbriquait assez naturellement dans l'histoire. Je n'ai pas eu trop l'impression qu'il y avait une barrière : là c'est le polar, là c'est le documentaire. Le documentaire était là pour servir le roman et nous mener avec une carotte tout comme l'équipe du 36, Quai des Orfèvres l'a été.
J'ai trouvé vraiment que tout était intéressant mais de là à tout retenir c'est autre chose. Le sujet que j'ai le plus aimé, c'était la manipulation de la boîte à drogue et du marketing. Criant de vérité et le pire c'est que les gens le savent mais continuent de se faire avoir tant nous sommes dans une société de surconsommation. Le fonctionnement de la Brigade était aussi intéressant mais curieusement, je l'ai moins ressenti comme documentaire même si ça se sent que l'auteur est bien documenté. Dans le sens, où cela parait plus naturel dans le livre puisqu'il s'agit d'un polar.
Concernant
l'histoire, j'ai été bluffé sur la manière dont l'auteur nous a manipulé. On suit tout comme l'équipe les éléments mis là et là par le tueur ... et au final, nous sommes à côté de la plaque. Et qu'est-ce que c'est bon!
L'ambiance du livre, les relations entre l'équipe, la façon dont ils enquêtent, ... tout est plausible et ne donne pas envie de quitter le bouquin. Moi qui était en examens pendant la lecture et qui pensait lire pour me changer les idées tout simplement, j'ai eu du mal à quitter cet univers de l'enquête et documentaire pour retourner sur mes examens. Quelle frustration! Je voulais toujours savoir encore et encore ce qu'ils allaient faire, qui ils allaient rencontrer.
On sent certains évènements arrivés mais ils restent peu nombreux. On vit l'enquête avec l'équipe et on a l'impression de faire partie de l'équipe même. Vraiment sympa cette impression.
Le style narratif je l'ai trouvé très bon. Entre humour, noms des personnages choisis toujours à bon escient, les termes adéquats et généralement expliqués, les métaphores et la manière dont on nous manipule, j'ai vraiment adoré. On imagine bien ce qui se passe. De plus, j'ai aussi aimé le fait que nous ne sommes pas dans une dichotomie : les personnages ont tous leur côté sombre, on le sent et on veut en savoir plus. (Notamment l'Ame Noire dont Delajoie fais souvent allusion). Le mélange sombre et humour est donc bien géré.
Delajoie n'avait certes plus l'enthousiasme d'un chasseur de 20 ans. C'est sa tête surtout qui était fatiguée, non pas par le nombre et la diversité de tant d'affaires résolues ou définitivement perdues, mais plutôt par l'exploration poussées des gouffres sombres de l'âme humaine. Vingt années, pendant lesquelles, au fil des meurtres et des crimes les plus odieux, s'était déroulée la fresque de la tragédie humaine, le spectacle de ce qu'il appelait maintenant "l'Ame Noire". Ce qui expliquait que ses tableaux de chasse avaient souvent été décevants : beaucoup de rats, trop peu de cerfs. Malgré tout, son instinct restait intact. Il savait donc que venait de s'ouvrir une belle chasse. Emmerdante, mais prometteuse.
Page 31.
Au niveau des personnages, j'ai vraiment bien aimé l'équipe! On ressent vraiment qu'ils sont liés, une équipe digne de ce nom. A la limite, ils parleraient qu'avec les yeux ils se comprendraient sans soucis.
J'ai bien aimé aussi le fait qu'on voit ce que chacun fait de son côté. C'est assez rare je trouve dans ce genre de livre. (Mais faut dire que j'en ai pas lu beaucoup non plus.) J'ai bien aimé voir comment s'imbriquaient les pièces du puzzle de cette manière et on en apprend un peu plus sur chacun de cette manière.
Sauf une personne qui m'a semblé moins active et moins incluse dans l'histoire : Manda Ze Queen. Je me suis demandé parfois ce qu'elle faisait là à part servir pour quelques blagues.
Peut-être sera-t-elle plus présente et utile dans le prochain tome. Ou alors c'est possible que je n'ai pas bien suivi à ce niveau-là.
Sinon mes préférences vont à Bastien dit Columbo. J'ai adoré ce personnage qui est aussi intelligent et cultivé que son apparence démontre le contraire.
Mais aussi à Delajoie qui me semble être un personnage plus complexe qu'il n'y parait surtout avec les allusions à l'Ame Noire et sur la fin avec la lettre laissée par Adrien. Et puis, son malaise avec lui-même et sa sexualité est vraiment peu ordinaire pour un commissaire, ce qui rend le personnage d'autant plus intéressant.
J'ai donc hâte d'avoir en ma possession le deuxième livre du Commissaire Delajoie. (qui sortira en
octobre 2010) La fin de l'enquête m'a vraiment bluffée et puis le dernier chapître donne envie d'en savoir plus puisqu'on y parle du meutrier de son fils : retrouvera, retrouvera pas? Vengeance ou pas vengeance?
Je remercie
et
Livraddict pour l'organisation de ce Partenariat et de ce Book Club Spécial qui m'ont permis de découvrir un petit bijou peu ordinaire par la plume non moins ordinaire de John Marcus.
D'autres avis :
ici.